Description
L’établissement rural antique est situé en limite sud-est de l’agglomération rémoise, sur la commune de Cernay-lès-Reims. Avec une forme quadrangulaire de 70,00 m de long pour 50,00 m de large, cet établissement daté de l’Antiquité tardive présente une surface totale d’environ 3500 m². Il est caractérisé par une partie édifiée sur des fondations en pierres et/ou en craie compactée et une partie avec des bâtiments construits en matériaux périssables. L’établissement est installé le long d’un axe de circulation antique retrouvé sur plus d’un kilomètre et utilisé jusqu’à la Première Guerre mondiale, marquant ainsi fortement le territoire.
La partie sur fondations occupe le tiers sud-ouest de l’établissement. Les niveaux de sols en craie, en terre battue, et la grande cave, suggèrent qu’il s’agit d’un espace dédié à l’habitat. Plusieurs indices comme des trous de poteau de très grande profondeur, des renforts et un épais niveau de démolition, attestent l’existence d’un étage pour au moins l’aile nord-ouest du bâtiment. Munie d’une probable galerie donnant sur la partie centrale de l’établissement, les bâtiments en matériaux périssables forment un ensemble qui ceinture une possible cour intérieure. Un enclos palissadé en agrafe est accolé sur l’aile sud-est et indique une activité d’élevage. La découverte de deux grands fours dans un des bâtiments nord-est et une petite cave permet d’attribuer cette partie à un espace d’activité artisanale. Les nombreux objets métalliques découverts au sein du niveau de sol de la cour renvoient au travail du fer, probablement à une activité de forge. Cet établissement correspond aux autres types de villas de petit gabarit découverts aux alentours de l’agglomération antique de Reims.
Le séchoir a été mis au jour à une dizaine de mètres au sud-ouest de l’établissement, légèrement à l’écart. Il présente un creusement de 3,00 m de côté et il est ancré dans le substrat crayeux sur 0,80 m de profondeur environ. En grande partie récupéré, il est constitué de deux chambres qui occupent les deux tiers nord-ouest du creusement, séparées par un petit mur construit en pierre et mortier de chaux. Sur le tiers sud-est, un espace de travail a également été mis au jour.
De forme rectangulaire, la chambre sud-ouest est la plus petite et mesure 1,50 m de longueur pour 1 m de largeur, soit une surface de 1,50 m². La chambre nord-est présente une forme carrée de 1,50 m de côté, offrant une aire de 2,25 m². Chacune d’elle possède une entrée de foyer construite en briques liées par un mortier de chaux. Seuls les matériaux du foyer de la chambre sud-ouest et le mur séparateur sont encore conservés sur une cinquantaine de centimètre de hauteur, mais les empreintes des maçonneries de la chambre nord-est étaient particulièrement bien visibles, notamment par le traces de rubéfactions au sol. L’édification des maçonneries en briques permet d’obtenir des entrées de foyers au plan trapézoïdal. À l’entrée des chambres, une pierre posée de chant complète la maçonnerie et forme ainsi une ouverture séparée en deux légèrement rentrante dans la chambre. Les deux chambres étaient tapissées d’un fin niveau de sédiment limoneux grisâtre contenant quelques inclusions de charbon.
L’espace de travail est de plan rectangulaire, d’une longueur de 3,00 m pour largeur d’environ 1,00 m, laissant tout juste une zone d’accès aux foyers. Le sol y est tapissé d’un très fin niveau de mortier jaunâtre. Un amas cendreux était encore en place devant le foyer de la chambre nord-est. Cet amas correspond à un cendrier et témoigne possiblement du dernier nettoyage des foyers avant son abandon.
Tous les résultats chronologiques convergent vers une datation de l’établissement rural de la fin du IIIe au début du IVe siècle apr. J.-C. Le mobilier céramique mis au jour dans les différents comblements du séchoir situe sa récupération et son remblaiement durant le début du IVe siècle apr. J.-C. La datation au radiocarbone effectuée sur un échantillon de charbon issu du sédiment recouvrant le sol de la chambre nord-est confirme cette interprétation chronologique. Avec un résultat de 130-330 apr. J.-C., son utilisation semble avérée durant l’occupation de l’établissement.
Référence bibliographique
Rabasté Y. (dir.), Cernay-lès-Reims (51, Marne), « le Bas de la Noue Saint Rémi », zone 10, Un établissement rural agro-pastoral du milieu du IIIe au début du IVe siècle apr. J.-C. installé le long d’un axe de circulation antique, rapport de fouille archéologique, Metz, Inrap, 2020.