Rennes 001

Collection : Indéterminé
Notice créée le 16/04/2020

Données administratives

Localisation de la découverte : Rennes, Beauregard-Quincé, Ille-et-Vilaine, France
Responsable d'opération : Gaétan Le Cloirec
Institution : Institut national de recherches archéologiques préventives
Année de fouille : 2011

Chronologie

Siècle : Milieu IIe-début Ve s. apr. J.-C.
Date la plus ancienne : 150
Date la plus récente : 400

Caractérisation formelle de l'installation

Type d'occupation : Établissement rural
Situation de l'installation : À l'extérieur
Description :
  • Le site de Beauregard se compose de deux constructions d'époque romaine placées de part et d’autre du cours d’eau disparu. Quelques fossés et restes de chemins confirment leur intégration dans un parcellaire préexistant et structuré. Les indices chronologiques, très limités, permettent seulement de situer l’occupation des lieux entre le milieu du IIe et le début du Ve siècle ap. J.-C. Le bâtiment le plus vaste (unité 2) présente toutes les caractéristiques d’une grange.
  • Les vestiges de l’autre construction (unité 1), localisée à l’ouest de la première, étaient très dégradés mais une approche méticuleuse a permis d’identifier les éléments caractéristiques d’un séchoir. Cette petite construction rectangulaire a été mise en évidence sous un amas de matériaux divers qui en masquait complètement l’organisation.
  • L’ensemble, qui mesure 5 m d’est en ouest et 3,30 m du nord au sud, présente des effets de parement conservés sur une seule assise à l’ouest, à l’est et au sud . Le côté nord est apparu sous la forme d’un amas argileux de couleur crème intégrant quelques fragments de tuiles. Il s’agit en fait d’un remblai comblant la tranchée de récupération d’un mur qui devait être comparable aux autres. Ces maçonneries sont faites de moellons de grès grossièrement taillés et de fragments de briques. Au sud-ouest, un massif rectangulaire de 1,30 m sur 0,75 m occupe l’angle de la construction. Il se prolonge, vers le nord, par un tronçon de 0,38 m d’épaisseur qui semble s’élargir au niveau de l’angle nord-ouest. Le mur opposé (1172) est constitué d’un tronçon de 0,38 m de large conservé sur 1,25 m de long. Le bon état du double parement permet d’apprécier ici le soin apporté à la maçonnerie originelle.
  • La façade sud est plus complexe car elle se compose de deux tronçons différents de part et d’autre d’une trace de rubéfaction ovale qui s’étend à l’intérieur de la construction (1063). Le côté ouest, très partiellement conservé, forme un angle droit rentrant qui délimite visiblement la zone de chauffe. Un élément similaire devait exister à l’est de cette dernière car celle-ci s’arrête de manière rectiligne de ce côté. L’ensemble devait donc former un canal mesurant 0,95 m de large, avec un fond très légèrement creusé dans le terrain naturel. La rubéfaction, bien marquée sur l’axe du mur sud, s’étend clairement jusqu’au milieu de l’espace interne et se devine jusqu’au mur nord.
  • Il faut enfin noter qu’un petit espace rectangulaire est aménagé contre l’angle sud-est de la construction en même temps que son mur méridional. L’intérieur de cet aménagement mesure 1 m sur 0,45 m et des traces de charbons de bois marquent quelques pierres.
  • Plusieurs structures en creux et aménagements de surface ont été mis au jour autour de l’unité 1 dans un rayon d’une dizaine de mètres. La plus forte densité se trouve du côté sud où trois fosses peu profondes sont alignées sur un axe qui semble prolonger celui du mur occidental de la construction maçonnée. À 5,30 m à l’est se trouve un petit empierrement carré (1064), qui est enfoncé dans le substrat et peut avoir fonctionné comme un socle ou un support. Enfin, trois fossés, disposés autour de la construction, semblent correspondre à des drains la protégeant des remontées d’eau.
  • Dans un second temps, plusieurs couches charbonneuses sont étalées et piétinées contre la partie sud de l’unité 1 en recouvrant certaines structures décrites précédemment. Ces rejets, qui sont vraisemblablement liés au foyer qu’ils cernent littéralement, témoignent de l’activité qui est pratiquée ici comme des modes opératoires mis en œuvre. L’analyse stratigraphique et l’étendue des épandages indiquent notamment que les rejets sont faits sur les côtés afin de maintenir une certaine propreté devant la zone de chauffe. Le dernier état montre que ce souci a même été renforcé par la mise en place d’un cailloutis (1153) qui assainit la zone sur 10 m² .
Éléments structurels : Aucun élément signalé
Longueur (m) interne : 3,30
Largueur (m) interne : 5
Superficie (m2) interne : 15

Caractérisation de la fonction de l'installation

Indices de caractérisation :
  • Équipements du traitement et de la transformation des denrées végétales
  • Restes végétaux
Commentaires indices de caractérisation : L’unité 1 est donc constituée d’une partie principale de plan rectangulaire qui est maçonnée et intègre un foyer dans son mur sud. Le feu est manifestement canalisé vers l’intérieur où se propage la rubéfaction. Or cette conception renvoie directement aux principes des fours de séchages , dans lesquels le foyer est enserré dans une sorte de caisson disposé au milieu d’une chambre basse. On peut cependant s’interroger sur l’aménagement de l’espace et imaginer une variante au regard du massif rectangulaire qui se trouve à l’ouest. Il serait effectivement séduisant de l’interpréter comme un emmarchement donnant accès à une porte située au niveau d’un sol légèrement surélevé. La nature du bâti et les vestiges mis au jour ne permettent cependant pas de concevoir une superstructure très lourde, comme un sol en béton. Il faudrait plutôt imaginer un plancher qui, dans ce cas, ne pouvait pas recouvrir le foyer et devait plutôt l’encadrer.
En complément de ce système, la fosse rectangulaire, aménagée à l’est de la zone de chauffe, a pu servir à stocker les braises, ce qui explique les traces de charbons sur certaines pierres.
La partie sud est aménagée comme un espace de travail et d’accès au foyer. La surface, d’abord constituée d’un simple sol de terre battue, est ensuite renforcée par un cailloutis de schiste plus résistant. Parmi ces aménagements, les creusements retrouvés ça et là suivent des alignements qui permettent de concevoir l’existence d’un abri sur poteaux accolé à la construction sur murets. Dans cette hypothèse, la nature des vestiges implique toutefois une conception autoporteuse appuyée sur des supports légèrement enfoncés dans le substrat. L’emplacement de ceux-ci permet de restituer un plan parfaitement carré dans lequel les poteaux placés à l’est sont seulement signalés par un empierrement, une grosse pierre ou une empreinte curviligne à travers les épandages charbonneux. La fouille a par ailleurs montré que ces rejets piétinés outrepassent les limites définies par les alignements de poteaux, ce qui peut suggérer l’absence de paroi et laisser imaginer une sorte de hangar ou d’appentis. Cette hypothèse est pourtant malmenée par le comblement partiel ou total des fosses par des dépôts qui se confondent avec les épandages de rejets charbonneux. Néanmoins, le démontage de la construction méridionale pourrait expliquer que l’emplacement des poteaux ait été comblé par des rejets étalés. Ces relations stratigraphiques laissent alors penser que l’appentis n’existe qu’à l’état 1.
La raison d’un tel équipement est naturellement liée à l’exploitation céréalière mise en évidence par l’étude palynologique. Dans ce cas, les besoins de stockage et de séchage suffisent à justifier la présence des structures fouillées sur le site de Beauregard, mais on peut s’étonner de leur isolement dans une zone humide, a priori défavorable à l’implantation de bâtiments agricoles. Une hypothèse peut cependant être avancée grâce à la découverte de pollens de lin cultivé dans tous les échantillons prélevés. L’une des étapes essentielles de la chaine opératoire liée à cette culture, nécessite, en effet, le trempage des fibres. Cette macération, que l’on appelle le rouissage, peut se faire de différentes manières mais un cours d’eau, que l’on barre, ou une zone marécageuse, percée de fosses, est souvent mis à profit pour cela. Par ailleurs, les mauvaises odeurs dégagées lors de cette étape du travail justifient généralement la mise à l’écart des installations. Dans un tel contexte, le four peut être utilisé pour sécher les tiges avant de les entreposer. C’est une technique qui était encore mise en œuvre dans nos campagnes il y a peu. Des fours à pain étaient même détournés pour cela. Le séchage des grains permet également de garantir une meilleure conservation des semences.
Hypothèse de fonction : Traitement des denrées végétales
Hypothèse de sous-fonction : Séchage des denrées