Noyal-Châtillon-sur-Seiche 001

Localisation de la découverte : Noyal-Châtillon-sur-Seiche, La Guyomerais, Ille-et-Vilaine, France

Responsable d'opération : Romuald Ferrette

Institution : Institut national de recherches archéologiques préventives

Année de fouille : 2012

Siècle : 320-380 (datation radiocarbone)

Date la plus ancienne : 320

Date la plus récente : 380

Type d'occupation : Établissement rural

Situation de l'installation : Dans un bâtiment

Description :

• La villa de la « Guyomerais » se situe à 13 km au sud de la capitale des Riedons (Condate). Les premiers bâtiments maçonnés apparaissent entre 20 et 40 ap. J.-C. et évoluent jusqu’au IVe s. Un balnéaire, dissocié du corps résidentiel, complète cet ensemble. La pars urbana est utilisée jusqu’à la fin du IVe s. et probablement durant une partie du Ve s., comme l’atteste la découverte de monnaies et de sigillées d’Argonne. À cette période la partie résidentielle se transforme en un espace mixte associant activités agricoles et activités domestiques. C’est à ce moment qu’apparaît à l'intérieur du balnéaire une structure interprétée comme un séchoir.
• Le dernier grand ensemble tehrmal est profondément transformé dans le premier quart du IVe s. La suspensura et les pilettes des deux hypocaustes sont totalement détruits mais les maçonneries et les radiers bétonnés de l’hypocauste sont conservés. A l’intérieur du tepidarium, quatre plots d’argile jaune servant à sceller une élévation en brique remplacent l’ancien hypocauste. De forme carrée de 1 m de côté, ils sont séparés entre eux et des murs délimitant la pièce par des espaces de 10 à 40 cm correspondant à des canaux destinés à la circulation de l’air. L’infrastructure en brique qui reposait sur un mortier jaune a été presque intégralement récupérée. Seules deux briques sont encore scellées dans le plot situé au sud-ouest de la pièce. Des empreintes de briques sont néanmoins visibles sur l’ensemble des scellements d’argile. Ces aménagements permettent la création de quatre plateformes dont la hauteur n’a pu être précisée. L’ensemble est complété par un petit foyer installé au centre du mur de refend séparant le tepidarium du caldarium au niveau de l’arche de passage d’air chaud. Le foyer, qui n’a que très légèrement rubéfié l’assise du mur sur lequel il repose, permettait de chauffer la pièce. L’air se propageait dans les canaux autour des plots selon un principe qui évoque l’infrastructure d’un hypocauste à canaux rayonnant. Un système de chauffage de ce type est d’ailleurs présent dans l’aile orientale de la villa.
  Malgré le bon état de conservation des murs du tepidarium, aucune trace de plancher en dur ou en matériaux périssables associé à ces plots n’a pu être distinguée. Les canaux pouvaient soit fonctionner ouverts, permettant ainsi l’évacuation des fumées, soit être partiellement couverts afin d’aménager une surface d’étalement. Dans ce deuxième cas, l’évacuation des fumées se ferait par des conduits verticaux aménagés aux angles ou aux niveaux des canaux périphériques. La sole était vraisemblablement accessible depuis l’ancien frigidarium qui servait alors d’espace de manutention.
• Une datation radiocarbone réalisée sur des charbons prélevés sur le foyer permet de dater cet aménagement entre 320 et 380 ap. J.-C.

Éléments structurels : Aucun élément signalé

Longueur (m) interne : 3,50

Largueur (m) interne : 3,20

Superficie (m2) interne : 11,2

Indices de caractérisation : Équipements du traitement et de la transformation des denrées végétales

Commentaires indices de caractérisation : La singularité de cet équipement, installé tardivement dans une édifice thermal, a très vite soulevé la question de son interprétation. S’agit-il d’un hypocauste rudimentaire lié à une des dernières phases de la villa, ou est-on en présence d’une structure destinée à une activité agricole ? La première hypothèse semble pouvoir être écartée. En effet, un petit balnéaire constitué de deux pièces sur hypocauste est installé au IVe s. dans l’ancien apodyterium des thermes du IIIe s., il est donc chronologiquement contemporain des réaménagements du tepidarium.
La vocation agricole est ainsi privilégiée. Pour vérifier cette hypothèse, des prélèvements réalisés dans le comblement des canaux ont été effectués. Le traitement des sédiments n’a malheureusement révélé aucun élément susceptible de nous informer sur les activités effectuées.
Malgré l’absence d’indices, l’hypothèse que cet équipement de chauffe ait pu correspondre à un séchoir a été émise. Il présente en effet toutes les caractéristiques de ce type de structure. La faible rubéfaction du foyer étaye cette hypothèse, car elle indique que la chaleur souhaitée à l’intérieur de la pièce devait être plutôt basse, une température comprise entre 60 et 80° étant suffisante pour le séchage. Au-delà, la chaleur risquerait de carboniser les grains. L’absence de graines peut être liée à la présence d’une couverture sur la partie sommitale des canaux.
La disparition de la suspensura dans les deux pièces chaudes pose question, car cette dernière aurait pu être réemployée dans la structure du séchoir. Pour l’expliquer, on peut supposer que l’épaisseur du béton de tuileau ne permettait peut-être pas de d’obtenir une température suffisante pour le séchage. En effet, la température maximale nécessaire pour le fonctionnement du caldarium d’un balnéaire est estimée à environ 50°, seuil un peu faible pour sécher une grande quantité de grain. De plus, la mise en chauffe d’une suspensura en béton de tuileau est longue et nécessite une chauffe permanente peu compatible avec une activité ponctuelle et rapide de séchage du grain. Pour monter rapidement en température sans consommer trop de combustible, un plancher ajouré ou moins épais est préférable. Cette hypothèse pourrait justifier le démantèlement de l’hypocauste sur pilettes au profit d’un hypocauste à canaux construit selon une architecture plus modeste.
L’utilisation du séchoir pour le traitement du grain en vue de son stockage reste l’hypothèse privilégiée. Toutefois, un second postulat peut être posé. En effet, la baignoire du frigidarium, découverte dans un très bon état de conservation, semble avoir été conservée lorsque le séchoir était en fonctionnement. L’association dans un même espace d’un bassin et d’une structure de séchage est compatible avec une activité de maltage.
La réalisation de malt, destiné notamment à la production de bière, est une opération réalisée en quatre étapes. La première phase, le trempage, consiste à humidifier les grains par une immersion dans l’eau. Cette opération pouvait être réalisée dans la baignoire du frigidarium. Les graines dont le taux d’humidité passait à 45% pouvaient alors être étalées sur la sole aménagée dans le tepidarium. Les grains étaient laissés à l’air libre entre 4 et 6 jours afin de favoriser la germination. Ils étaient ensuite séchés par une augmentation progressive de la pièce en température afin de réaliser le touraillage. Un brassage régulier des grains en cours de chauffe est nécessaire afin de procéder à un séchage uniforme des grains. La température varie suivant les céréales et le type de malt souhaité entre 50 et 100°. Le malt, dont le taux d’humidité est tombé à 4 ou 4,5 %, était ensuite débarrassé de ses radicelles par une opération de dégermage, puis stocké. Ce balnéaire, transformé en atelier, semble ainsi adapté pour réaliser les étapes successives liées à la fabrication du malt.

Hypothèse de fonction : Traitement des denrées végétales

Hypothèse de sous-fonction :

• Séchage des denrées
• Touraillage