La Mézière 001

Collection : Indéterminé
Notice créée le 03/04/2020

Données administratives

Localisation de la découverte : La Mézière, ZAC des Lignes de la Gonzée, Ille-et-Vilaine, France
Responsable d'opération : Stéphane Blanchet
Institution : Institut national de recherches archéologiques préventives
Année de fouille : 2012

Chronologie

Siècle : 130-230 apr. J.-C. (datation radiocarbone)
Date la plus ancienne : 130
Date la plus récente : 230

Caractérisation formelle de l'installation

Type d'occupation : Établissement rural
Situation de l'installation : À l'extérieur
Description :
  • La fouille de la ZAC des Lignes de la Gonzée a permis d’étudier une petite portion de la pars rustica de la villa gallo-romaine du « Chêne Hamon ». Parmi les vestiges mis au jour, un bâtiment de type grange (bâtiment "standardisé") derrière laquelle était creusée une importante fosse (F 1059) qui pourrait correspondre à un séchoir. Cette hypothèse a été émise suite à la découverte dans son comblement de très importantes couches de graines carbonisées.
  • La fosse 1059 correspond à une excavation subrectangulaire de 8,20 m de long sur 6 m de large, creusée selon un profil variant suivant les côtés. Un aménagement de palier à 20-30 cm du fond est ainsi présent sur les parois des deux tiers nord de la fosse. Il peut être interprété soit comme un emmarchement, soit comme un support de cloisons en bois ou de plancher. Le fond de la fosse, globalement plat, est situé en moyenne 0,90 m de profondeur.
  • Quatre aménagements distincts y ont été identifiés. Le premier, au centre, est une petite tranchée longiligne de 0,50 m de largeur sur 20 cm de profondeur, qui traverse en diagonale et selon un axe nord-est/sud-ouest le fond de l’excavation. À l’ouest de cette tranchée se distinguent deux plots de substrat. D’une hauteur de 20 cm, ils sont taillés selon une forme subcirculaire de 0,90 m de diamètre pour le plot occidental et de 2 m de long sur 1,50 m de largeur pour le plot oriental. Interprétées comme des négatifs de piliers, ces excroissances n’ont pas nécessairement été prévues lors du creusement initial de la fosse ou lors de l’installation des différents aménagements. Elles résultent plutôt d’un phénomène de curage lié à l’entretien régulier du fond de la structure. À chaque nettoyage, une mince épaisseur de substrat devait être éliminée et le curage s’interrompait au niveau de piliers bâtis créant petit à petit ces effets de plot. Le dernier aménagement correspond à une petite zone de rubéfaction observée sur la paroi occidentale, en lien avec un foyer qui n’a pas laissé de traces sur le fond de l’excavation. Ce constat confirme l’hypothèse de l’entretien régulier de la structure. L’absence d’aménagements de foyer (plaque foyère, dalle en pierre) induit également une récupération systématique des matériaux lors de son abandon.
Éléments structurels : Aucun élément signalé
Longueur (m) interne : 8,20
Largueur (m) interne : 6
Superficie (m2) interne : 49

Caractérisation de la fonction de l'installation

Indices de caractérisation :
  • Équipements du traitement et de la transformation des denrées végétales
  • Restes végétaux
Commentaires indices de caractérisation : Les types de résidus découverts correspondent essentiellement à des semences de "mauvaises herbes" des champs, à des caryopses ou grains de céréales, aux enveloppes qui protègent le grain dans l’épi (bases de glumes et d’épillet) et aux articles de rachis qui constituent l’axe de l’épi chez les Poaceae, dont les céréales sont les représentants domestiques. L’absence de résidus plus grossiers (pailles, racines, épillets complets) montre que ces céréales ont été en partie traitées et ont probablement déjà été battues une première fois. Étant donné le nombre d’espèces impliquées dans l’ensemble carpologique, qui inclut aussi quelques graines de légumineuses, il est exclu d’interpréter ce lot comme étant issu d’une seule récolte. Les espèces en présence ne possèdent pas les mêmes exigences culturales, et ne sont pas soumises aux mêmes traitements post-culturaux. Elles ne se trouvent pas au même stade de nettoyage des grains, car la proportion d’enveloppes et de sous-produits de traitement varie fortement d’un taxon à l’autre. Le blé amidonnier correspond à un lot de grain associé à des résidus de décorticage qui dépassent largement la proportion d’un stock en partie traité. Les bases de glumes sont largement surnuméraires par rapport au nombre de grains retrouvés dans l’assemblage. Cela signifie qu’une partie de la balle est issue du traitement d’autres lots d’amidonnier. La proportion de grains germés est beaucoup trop faible pour évoquer une germination contrôlée de lots de grains destinés à la préparation de malt, ingrédient de base de la fabrication de la cervoise. Seulement neuf caryopses, quatre d’orge et cinq de blé, présentaient des traces de germination et la longueur de la plumule atteignait la moitié de celle du grain. D’autres grains paraissaient échaudés ou racornis, mais sans qu’aucune trace de germination soit visible (au moins 150 spécimens ; seuls étant concernés le blé amidonnier et le blé indéterminé). Enfin, certains grains étaient beaucoup plus petits que la moyenne et semblaient donc immatures, ou mal développés (près de 250, au sein de plusieurs genres botaniques : Avena, Hordeum, Triticum). De telles observations ne sont pas fréquentes dans les ensembles carpologiques de ces périodes, au sein desquels les grains sont en général matures et bien formés. Les blés nus aussi bien que le blé amidonnier semblent avoir été tous deux été touchés par ce phénomène, qui pourrait éventuellement résulter de conditions climatiques conjoncturelles défavorables. Une cause identique (sécheresse, attaque parasitaire ?) serait ainsi à l’origine des dégâts observés chez les deux céréales, qui auraient donc été récoltées la même année. L’assemblage observé à La Mézière ne correspond à aucun des types de produits recensés dans la colonne "types de résidus végétaux". L’ensemble carpologique manque donc de cohérence, dans sa composition taxinomique mais aussi dans les proportions respectives de ses composantes. Il n’est pas aisé de l’interpréter en termes de types de produit et il n’est donc pas possible de le rapporter à une étape de traitement qui impliquerait l’utilisation d’une structure semblable à celle découverte. On ne voit pas quel traitement thermique aurait pu être appliqué à un tel assemblage et on n’en comprendrait pas la finalité. Un dernier argument, qui permet d’exclure définitivement toute liaison entre la structure et les graines découvertes dans son comblement, tient à la position stratigraphique des ensembles, qui recouvrent les deux plots associés au maintien d’une structure en élévation en relation avec la fosse. S’il est exclu d’associer les ensembles carpologiques à la fonction première du « séchoir », la densité en restes indique qu’il s’agit de rejets directement issus de stocks. La composition des ensembles les assimilent à des produits de récoltes encore peu nettoyés, en cours de traitement. Une autre hypothèse consisterait alors à les considérer comme issus des activités qui se déroulaient dans la grange présumée, toute proche. La nature de ces assemblages s’accorderait bien à la fonction attribuée au bâtiment. Mais faut-il en définitive considérer cet assemblage comme un ensemble de stocks de céréales en cours de traitement, ou comme les déchets résultant de ces opérations ? Les arguments en faveur de cette seconde hypothèse reposent sur la quantité d’enveloppes retrouvées, l’abondance relative des semences de "mauvaises herbes" et la part de grains germés ou flétris, de mauvaise qualité. À l’encontre de cette proposition, il faut relever que la proportion de grains bien formés demeure importante dans l’assemblage (54 % du total si l’on prend en compte l’ensemble des espèces, dont 26 % pour le lot d’amidonnier). La part des grains est trop importante pour considérer que l’on est uniquement en présence des sous-produits du battage-vannage, même si l’on tient compte du fait qu’une partie de la balle aurait pu être éliminée par la carbonisation. Plusieurs lots de céréales sont impliqués. Il n’est pas clairement établi qu’ils étaient destinés à l’alimentation humaine plutôt qu’animale. Des résidus végétaux de plusieurs provenances auraient pu être mélangés pour servir de fourrage. Les fourrages animaux peuvent en effet être constitués de produits très divers, parmi lesquels figurent des céréales et leurs sous-produits de traitement.
Hypothèse de fonction : Traitement des denrées végétales
Hypothèse de sous-fonction : Séchage des denrées